Zone temporaire d'expression libre à Levallois !
Dans la nuit du 25 au 26 juin, une poignée de peinturlureurs et de scribouillards anti-publicitaires ont investis les rues de la ville Levallois pour "l'opération sucettes du désert".
- Les sucettes : c'est le nom par lequel nous désignons un type précis d'installations publicitaires JC Decaux qui maculent la ville de propagande pour la marchandise.
- Le but de l'opération : ouvrir les sucettes à l'aide de clefs conçues par Low Tech Linving, y enlever la pub, et la remplacer par de l'expression libre. Des affiches préalablement subtilisées lors de récoltes régulières sont modifiées au gré de l'imagination des participants : détournements, peintures, dessins, pochoirs lumineux, poèmes de rue, gazette des sucettes sur le modèle d'un journal mural, etc.
- Cette forme d'action directe que nous nommons "exposition sauvage" ou "zone temporaire de libre expression" vise à construire une pratique collective de réappropriation de l'espace public, dans une perspective de socialisation des moyens de communication et d'autogestion de l'espace public. Il s'agit que chacun-e s'organise localement pour éradiquer la publicité et la remplacer par le produit de sa propre créativité.
Le choix du lieu d'exposition est politique : ancien bastion communiste, aujourd'hui fief sarkozyste, Levallois avec son faste bourgeois, son maire Balkany, et surtout ses dizaines et ses dizaines de sucettes JC Decaux… c'est l'exemple type du quartier aseptisé dans lequel le seul message tolérable dans l'espace public est la réclame !
Voici quelques images de la première zone temporaire d'expression libre établie par le Réseau d'Affichage Antipublicitaire Sauvage ou Réseau d'Affichage Artistique Socialisé :
Brisez la glace : incitation scandaleuse au vandalisme, nous avons disposé une clef Low Tech Living dans la sucette ainsi que la notice pour en fabriquer soi même. Affiche réalisée par le Groupe des Lapins Publivores.
Bakounine's Blues : poème de rue. Poème écrit par anarchiste anonyme. Écriture ronde et raffinée sur l'affiche : Girafe.
La fin de l'histoire selon Francis Fukushima, une blague d'intello pensée et mise en image par Léonard.
Une superbe affiche crypto-zoophile proposée par une sympathique contributrice anonyme.
La Gazette des sucettes, librement inspirée des journaux muraux de mai 68. Elle comporte une présentation du RAAS et une bédétournée : "Donald, écologie et lutte des classes". Réalisation : Groupe des Lapins publivores.
Pochoir lumineux végétal réalisé avec brio par Girafe mais posée avec grande difficulté par le Groupe des Lapins Publivores. C'est qu'il n'est pas évident, dans le feu de l'action, de poser correctement un pochoir avec 12 points de contact au scotch double face, tout en surveillant l'arrivée probable et imminente de la police.
L'Homme-télé pochoir lumineux réalisé par Henry Lafourche.
Kropotkine's rock : Poème de rue. Anarchiste anonyme. Cliquez ici pour accéder à la retranscription des poèmes de rues exposés à Levallois.
Ode aux belles conneries : Blague en rime par Anarchiste anonyme. Exposée dans l'abri bus devant la mairie de Levallois dans l'espoir de décrocher un sourire aux employés municipaux qui viennent bosser en bus.
Cocktail Molotov, soif de révolte. Détournement de pub Badoit par le Groupe des lapins publivores.
Un oeil sur la ville, peinture réalisée par Henry Lafourche.
Police nationale, plumons cette volaille. Détournement de pub virgin, réalisée par le Groupe des Lapins Publivores.
Et si nos désirs n'étaient pas à vendre ? Détournement de pub citroën, réalisé par le Groupe des Lapins Publivores.
Rage d'ouvriers : poème de rue. Rimes hasardeuses : Anarchiste anonyme. Illustration : Léonard.
Les rois mages, peinture par Léonard.
Pas besoin d'être une championne pour désobéir, détournement d'une affiche municipale pour le recyclage des ampoules. Réalisation : Groupe des Lapins publivores.
Devant ces images affligeantes de vandalisme ultra-violent, le commissaire d'exposition Robert Lambda nous confie, atterré :
"L'amateurisme empressé, le manque de maîtrise technique, la pauvreté des matériaux, la scénographie hasardeuse, tout dans cette exposition sauvage transpire la naïveté d'un ramassis de révolutionnaires d'opérette. Rimes (de) pauvres et tâches de peinture volée surgissent d'un geste compulsif et maladroit, dérisoire et prétentieux. Don Qui Chotte se battait contre les moulins, nos saboteureuses anartistiques jouent à la révolution en se battant contre des sucettes !
Contrairement à nos prévisions établies à partir d'une série de test en Seine Saint Denis, l'exposition sauvage aura tenu approximativement une bonne trentaine d'heures alors que nos expériences dans le 93 nous laissaient espérer un temps d'exposition d'une semaine. Une intervention des techniciens JC Decaux ce lundi matin a rétabli l'ordre publicitaire dans l'espace public. Il faut croire qu'à Levallois-Perret les autorités sont plus promptes à alerter les pubeux que dans le 93. Rien ne doit dépasser dans cette ville quadrillée par le pouvoir et ses milices, mais qu'attendre d'autre du maître d'un enclos sécuritaire pour richards sarkophiles ?
Nous recommencerons, encore et encore, ici et là, de plus en plus nombreux, jusqu'à ce que nos gribouillages et nos mots jetés à la figure du passant chassent complètement la réclame de l'espace public pour le transformer en espace autogéré de dialogue et d'expression libre !"