Quelques précisions sur le RAAS :
Ce texte s'efforce d'explorer des pistes pour définir les principes et les pratiques du RAAS. Il constitue un point de départ, en ce qu'il exprime le point de vue du groupe affinitaire à l'initiative de la constitution du RAAS, mais il n'est rien de plus ! Le RAAS sera ce qu'en feront les individus et les groupes qui décideront de s'y impliquer et d'y participer. Vous ne lisez pas une pompeuse charte, ni de rigides statuts gravés besogneusement au burin par des bureaucrates dans le marbre glacé de la norme! Vous ne lisez pas une laborieuse déclaration de principes, au moindre mot de laquelle il faudrait souscrire pour participer au RAAS comme on adhère à un vulgaire parti. Vous lisez un instantané de nos tâtonnements expérimentaux sur les rapports entre la politique, le pouvoir, l'art et la liberté d'expression. Ce sont ces tâtonnements qui nous ont conduit à lancer l'initiative du RAAS, envisagé comme forme pratique de résistance collective et ludique. Vous lisez une formulation, fragile et temporaire, de l'idéal qui nous a conduit à lancer l'expérience du RAAS. Idéal dont nous sommes incapables à ce stade de dire si nous parviendrons ne serait-ce qu'à l'effleurer !
Le RAAS est un réseau organisé de manière horizontale, décentralisée, informelle et anti-autoritaire. Il vise à mutualiser les moyens des individus et des groupes pour la mise en œuvre d'une intervention politique et esthétique dans l'espace public par le sabotage publicitaire. Il constitue une organisation qui revendique une activité illégale de terrorisme pictural et d'attentats esthétiques anti-publicitaires.
Il est organisé à partir de groupes affinitaires locaux, autonomes et fédérés. Le RAAS n'est ni un parti, ni une association institutionnelle : c'est un réseau informel, reposant sur le principe de la libre association et l'entraide mutuelle, qui ne comporte aucune hiérarchie. La participation au réseau est libre est gratuite, elle se fait à titre individuel ou à titre collectif. Le réseau est une structure souple aux contours mouvants, dans laquelle, il n'y a ni procédure d'adhésion formelle, ni motifs quelconques d'exclusion. L'appartenance ou non au réseau ne se définit pas par la possession d'une carte ou le règlement régulier d'une cotisation, mais par l'engagement dans un ensemble de pratiques individuelles et collectives de désobéissance créative.
Il est organisé à partir de groupes affinitaires locaux, autonomes et fédérés. Le RAAS n'est ni un parti, ni une association institutionnelle : c'est un réseau informel, reposant sur le principe de la libre association et l'entraide mutuelle, qui ne comporte aucune hiérarchie. La participation au réseau est libre est gratuite, elle se fait à titre individuel ou à titre collectif. Le réseau est une structure souple aux contours mouvants, dans laquelle, il n'y a ni procédure d'adhésion formelle, ni motifs quelconques d'exclusion. L'appartenance ou non au réseau ne se définit pas par la possession d'une carte ou le règlement régulier d'une cotisation, mais par l'engagement dans un ensemble de pratiques individuelles et collectives de désobéissance créative.
Concilier Art et Activisme, Politique et Esthétique, illégalisme et libre expression :
On peut distinguer deux formes de participation pratique et concrète au RAAS en prenant pour critère le risque pénal qu'elles induisent :
- La participation par l'action directe non-violente : elle rend possible l'existence même du réseau. Elle prend principalement deux formes : la récolte et l'exposition. La récolte d'affiches publicitaires alimente le Catalogue d'Affiches Publicitaires à Détourner, et fournit des matières premières pour les Ateliers Autogérés de Détournement Publicitaire. L'exposition consiste en la substitution des vraies pubs par les œuvres individuelles et collectives des personnes participant au RAAS. Même si la subtilisation des affiches se fait sans dégradation à proprement parler, dans la mesure où elle est effectuée à l'aide de clefs bricolées pour ouvrir les différentes modèles de panneau ; elle n'en constitue pas moins une dégradation sur le plan pénal. Elle génère un préjudice pour l'annonceur ainsi que pour la société gestionnaire des espaces publicitaires, ce qui est d'ailleurs l'un des objectifs de la manœuvre qui est pensée comme une démarche de sabotage artistique. Les groupes affinitaires d'action directe non-violente qui réalisent les récoltes et rendent possible les expositions se rendent coupables du délit de dégradation en réunion.
- La participation par la création artistique†: La création d'affiches est le deuxième pilier de l'action du réseau. Les affiches subtilisées sont ensuite détournées, repeintes, complètement transformées ou très légèrement modifiées par les membres. Elles peuvent servir juste à montrer du "Beau", à faire passer un message, à faire sourire, à annoncer un évènement, diffuser le programme d'un Squat, et tout ce qu'il est possible et imaginable de faire avec une page blanche !
Précisons d'emblée que ces deux formes de participation désignent les deux aspects d'une même pratique pensée comme un continuum, ce qui les distingue c'est seulement l’État actuel d'une législation répressive et illégitime. Notre volonté n'est en aucun cas d'aboutir à une division du travail entre "créateurs d'affiches" et "activistes antipub", qui reproduirait la logique que nous combattons. Cette logique perverse qui veut à tout prix séparer l'Artiste et l'Activiste, le Politique et l'Esthétique, en érigeant des forteresses catégorielles, des classes spécialisées qui se voient octroyer le monopole de deux activités sociales fondamentales auxquelles nous devrions toutes et tous être en mesure de consacrer du temps†: la création et la contemplation d’œuvres d'une part, et la gestion des affaires la Cité et des biens communs d'autre part.
La remise en cause de cette logique de la séparation implique de n'établir aucune hiérarchie entre les deux formes de participation au RAAS. Si le réseau a vocation d'encourager chacun-e à l'éclectisme en suscitant des échanges de pratiques et de connaissances, chaque groupe et chaque individu reste absolument libre du choix de la ou des formes de sa participation.
- La participation par l'action directe non-violente : elle rend possible l'existence même du réseau. Elle prend principalement deux formes : la récolte et l'exposition. La récolte d'affiches publicitaires alimente le Catalogue d'Affiches Publicitaires à Détourner, et fournit des matières premières pour les Ateliers Autogérés de Détournement Publicitaire. L'exposition consiste en la substitution des vraies pubs par les œuvres individuelles et collectives des personnes participant au RAAS. Même si la subtilisation des affiches se fait sans dégradation à proprement parler, dans la mesure où elle est effectuée à l'aide de clefs bricolées pour ouvrir les différentes modèles de panneau ; elle n'en constitue pas moins une dégradation sur le plan pénal. Elle génère un préjudice pour l'annonceur ainsi que pour la société gestionnaire des espaces publicitaires, ce qui est d'ailleurs l'un des objectifs de la manœuvre qui est pensée comme une démarche de sabotage artistique. Les groupes affinitaires d'action directe non-violente qui réalisent les récoltes et rendent possible les expositions se rendent coupables du délit de dégradation en réunion.
- La participation par la création artistique†: La création d'affiches est le deuxième pilier de l'action du réseau. Les affiches subtilisées sont ensuite détournées, repeintes, complètement transformées ou très légèrement modifiées par les membres. Elles peuvent servir juste à montrer du "Beau", à faire passer un message, à faire sourire, à annoncer un évènement, diffuser le programme d'un Squat, et tout ce qu'il est possible et imaginable de faire avec une page blanche !
Précisons d'emblée que ces deux formes de participation désignent les deux aspects d'une même pratique pensée comme un continuum, ce qui les distingue c'est seulement l’État actuel d'une législation répressive et illégitime. Notre volonté n'est en aucun cas d'aboutir à une division du travail entre "créateurs d'affiches" et "activistes antipub", qui reproduirait la logique que nous combattons. Cette logique perverse qui veut à tout prix séparer l'Artiste et l'Activiste, le Politique et l'Esthétique, en érigeant des forteresses catégorielles, des classes spécialisées qui se voient octroyer le monopole de deux activités sociales fondamentales auxquelles nous devrions toutes et tous être en mesure de consacrer du temps†: la création et la contemplation d’œuvres d'une part, et la gestion des affaires la Cité et des biens communs d'autre part.
La remise en cause de cette logique de la séparation implique de n'établir aucune hiérarchie entre les deux formes de participation au RAAS. Si le réseau a vocation d'encourager chacun-e à l'éclectisme en suscitant des échanges de pratiques et de connaissances, chaque groupe et chaque individu reste absolument libre du choix de la ou des formes de sa participation.
Les outils pratiques du RAAS :
Le RAAS en est pour l'instant à ses prémisses. Le réseau a pour objet l'élaboration et la mise à disposition d'outils collectifs susceptibles de mutualiser les savoirs et les savoir-faire pour lutter joyeusement contre la confiscation de notre horizon visuel par la Marchandise et par l’État. Ce que nous présentons ici c'est l'ensemble des outils dont nous souhaitons doter le réseau à court terme :
- Des rencontres mensuelles : elles visent à organiser la vie du réseau et coordonner l'action des individus et des groupes qui y participent. La réunion mensuelle du Réseau est ouverte à tous-tes. Les décisions y sont prises au consensus, ou en cas d'incapacité prolongée à trouver un terrain d'entente, à la majorité à 75%. Les individus et les groupes parties prenantes du réseau sont libres de confier ‡ un individu ou ‡ un groupe des mandats impératifs : mettre à jour le catalogue d'affiches à détourner, gérer le forum, récolter de l'argent auprès des membres pour un achat de peinture en gros. Ces mandats impératifs peuvent être assurés collectivement par un groupe affinitaire ou personnellement par un individu. On s'efforcera toujours de définir le contenu du mandat avant de choisir la personne ou le groupe de personnes chargées de l'assurer. Les groupes et individus mandatés sont révocables à tout moment, les mandats sont limités dans le temps. Les réunions publiques mensuelles constituent un moment privilégié pour accueillir de nouveaux membres, livrer des affiches publicitaires et récupérer les œuvres réalisées par les membres. Elles sont consacrées à l'organisation de la vie légale du réseau (date des prochains rendez-vous, mise ‡ jour du catalogue, organisation de l'atelier autogéré, gestion des mandats).
- Un catalogue d'affiches publicitaires à détourner : le RAAS produit un catalogue en ligne d'affiches publicitaires à détourner. Subtilisées par les "récolteurs", ces pubs sont livrées aux créateurs d'affiches, dont les œuvres sont ensuite exposées.
- Un atelier autogéré de détournement publicitaire : organisé dans un squat, à un rythme mensuel, il vise à rassembler des membres du réseau autour d'une pratique politique des Arts Plastiques. Pour l'instant, seules les affiches publicitaires sont fournies, chaque individu ou groupe ramène son propre matériel de peinture, collage, découpage, etc. Comme son nom ne l'indique pas forcément, cet atelier n'est pas consacré exclusivement à la pratique du détournement publicitaire au sens étroit de détournement du message publicitaire par le pastiche. Prendre une affiche publicitaire, la repeindre complètement pour y substituer un paysage, un portrait ou un amas de formes abstraites, voilà qui relève aussi selon nous du détournement au sens large cette fois, en ce que c'est l'objet "affiche publicitaire" et non uniquement son message qui est détourné. L'atelier autogéré a pour vocation d'accueillir tous-tes celles et ceux qui peignent, dessinent, s'expriment par l'écrit et/ou par l'image qui ont tous-tes des choses plus pertinentes à montrer et à dire que les publicitaires. L'Atelier autogéré de détournement publicitaire vise à créer un espace d'échange de savoirs et de techniques, un espace d'inspiration mutuelle, de débat sur les rapports entre l'Art et la société de consommation. Il vise aussi faciliter la participation au RAAS de groupes ou d'individus qui ne disposent pas de l'espace nécessaire pour créer parce qu'ils sont parqués dans des logements exigus.
- Un forum en ligne : Cet espace virtuel constitue un système efficace de correspondance numérique qui assure le lien entre les différents individus et groupes affinitaires du RAAS. Ce forum a pour objectif : de maintenir le lien entre deux réunions mensuelles; de diffuser et de mettre à jour le catalogue d'affiches publicitaires à détourner†; d'organiser les livraisons d'affiches ; de transmettre aux créateurs d'affiche l'emplacement exact ainsi qu'une photographie de leur œuvre une fois celle-ci exposée ; d'informer les membres des prochaines réunions mensuelles et des prochains Ateliers Autogérés de Détournement Publicitaire, mais aussi de créer un espace débat et de réflexion collective.
La mise en place de telle outils nous semble susceptible de favoriser une lutte politique et esthétique, ludique et radicale, pour la réappropriation de l'espace public par la libre expression.
Contre la marchandisation de l'espace public : Multiplier les zones temporaires de libre expression !
Nous désignons par cette paraphrase du célèbre concept de TAZ (Temporary Autonomous Zone) d'Hakim Bey une forme particulière de TAZ. Il s'agit de l'exposition sauvage et éphémère d’œuvres picturales sur un espace réservé à la publicité ou à la communication institutionnelle : c'est-à-dire à la propagande de et pour l’État et la Marchandise. L'objectif du RAAS est de multiplier ces zones jusqu'à aboutir à une démarchandisation de l'espace public, c'est à dire à la réalisation de l'espace public comme espace véritablement public, comme espace collectif autogéré par celles et ceux qui le traversent et qui l'habitent.
Alors à vos pinceaux, à vos bombes, à vos marqueurs et à vos stylos, pour une révolution colorée contre les messages uniformément consuméristes qui colonisent l'espace public !
Texte : Anarchiste anonyme
Images : Henry Lafourche