Manifeste du GLP
Groupe affinitaire pour la réappropriation collective de l’espace public.
Vous connaissez tous-tes cette image du lapin de la RATP qui vous alerte du risque de se faire broyer les doigts lors de la fermeture des portes du métro. Comme vous connaissez tous-tes l’histoire de la chèvre de Monsieur Seguin, au terme de laquelle la chèvre éprise de liberté finit dévorée par le loup pour avoir désobéi et franchi la clôture qui bornait son horizon, en dépit des mises en garde paternalistes de son maître. Tout le bestiaire imaginaire de notre civilisation est peuplé de ravissantes créatures soumises. Depuis notre plus tendre enfance, on nous intime de suivre les ordres qui nous sont assénés partout et sans cesse, du berceau à la tombe, de l’école à l’usine, de la fac au bureau. Et quoi de mieux que ces images candides et enfantines d’animaux merveilleux pour pernicieusement nous inculquer la docilité nécessaire au maintien de notre aliénation ?
Cette image du lapin rose, emblématique du métro parisien et de ces incessants rappels infantilisants à se conformer aux règles, nous avons voulu la détourner pour en faire notre symbole. Nous ? Un groupe affinitaire organisé dans le but de se réapproprier l’espace public, et notamment ces souterrains ultramilitarisés et saturés de pubs, cet espace permanent de transit sous contrôle qu’est le métro. Notre action est une invitation à la subversion et à la révolte, une minuscule tentative de se réapproprier des outils de communication et un espace public qui devraient être aux mains de tous-tes et non sous la surveillance tatillonne d’un Etat répressif au service des intérêts d’annonceurs privés qui achètent notre horizon visuel comme une vulgaire marchandise.
Selon l’INSEE, les francilien-ne-s passent en moyenne de 82 minutes par jour à se déplacer, et ce temps de déplacement a vocation à croître irrémédiablement par la dynamique de ségrégation urbaine qui voit Paris se vider de ces classes populaires avec l’explosion des prix de l’immobilier. En île de France 3,9 millions de personnes s’engouffrent chaque jour dans les couloirs crasseux et bondés du métro et du RER pour aller travailler. Le GLP, Groupe des Lapins Publivores, a décidé de faire de cet espace son terrain de jeu et de lutte ! Notre stratégie : l’action directe ! Nos bombes sont pleines de couleurs, nos armes sont la colle, l’encre, le papier, les pochoirs. Nos balles sont des mots, les phrases et les images. Notre manifeste est un appel pour une métro-mutinerie, c’est-à-dire une action collective de rébellion au sein d’un groupe, d’un équipage réglé par la discipline : celui des rames de métro et de RER !
Nous sommes tous des passagers-ères souterrain-nes, allant sans cesse d’un point à un autre dans un espace quadrillé de flics, de militaires, de contrôleurs, d’agents de sécurité armés et sous-qualifiés. Dans le métro, nous sommes en permanence épié-e-s, observé-e-s, filmé-e-s par un ahurissant dispositif de vidéo-surveillance au coût financier pharaonique, à l’impact écologique considérable, et à l’efficacité plus qu’incertaine. Dans le métro, nous sommes sans cesse soumis-e-s à la discipline, enjoint-e-s de respecter une batterie de règles et de consignes, des plus légitimes appels à la prudence (ne pas traverser la voie) aux plus indécentes incitations à l’égoïsme (ne pas donner d’argent aux musiciens qui jouent dans les rames). Dans le métro, notre regard est colonisé par une rafale de messages publicitaires véhiculant une idéologie consumériste, matérialiste, sexiste, dont le seul objectif est de cultiver l’illusion mercantile du bonheur afin d’anesthésier toute possibilité de révolte collective. Le métro n’est pas un lieu public, au sens d’ espace commun, où tous et toutes s’expriment et se meuvent librement. Le métro c’est des montagnes de puces RFID, une batterie de détecteurs en tout genre ; des caméras qui, sur les lignes les plus modernes comme la 14, balayent 98% de l’espace . Le métro c ‘est la présence massive et permanente de l’armée, de la police, et du GPSR…
Le métro est un espace d’expérimentation dans lequel l’Etat et les multinationales de la sécurité élaborent, déploient et perfectionnent des techniques de surveillance et de contrôle qui ont vocation à s’étendre à moyen terme à la globalité de l’espace public. Le métro est une métonymie de l’espace public tout entier. Un exemple : le « plan 1 000 caméras pour Paris » qui prévoit l’installation massive des caméras aux abords des gares et dans les points dits « sensibles » de l’espace urbain. C’est une illustration magistrale de l’application progressive des techniques de quadrillage carcéral des métros et des aéroports à l’ensemble de la société. C’est pourquoi notre lutte commence par le métro mais ne s’arrête pas à ses portes et a pour vocation d’investir la globalité de l’espace public sous sa forme physique (les rues, les murs, les couloirs, les gares, les panneaux publicitaires, les aéroports, les façades des banques…) et symbolique (l’édition, Internet, la presse..). Le Groupe des Lapins Publivores a pour objectif de peindre et d’écrire sur les barreaux de cette gigantesque cage qu’est l’espace urbain sous surveillance, fragmenté en plusieurs entre-soi de classe, jalonné de frontières invisibles et infranchissables, soumis sans cesse au contrôle tatillon de l’Etat, et saturé de propagande pour la marchandise.
Selon l’INSEE, les francilien-ne-s passent en moyenne de 82 minutes par jour à se déplacer, et ce temps de déplacement a vocation à croître irrémédiablement par la dynamique de ségrégation urbaine qui voit Paris se vider de ces classes populaires avec l’explosion des prix de l’immobilier. En île de France 3,9 millions de personnes s’engouffrent chaque jour dans les couloirs crasseux et bondés du métro et du RER pour aller travailler. Le GLP, Groupe des Lapins Publivores, a décidé de faire de cet espace son terrain de jeu et de lutte ! Notre stratégie : l’action directe ! Nos bombes sont pleines de couleurs, nos armes sont la colle, l’encre, le papier, les pochoirs. Nos balles sont des mots, les phrases et les images. Notre manifeste est un appel pour une métro-mutinerie, c’est-à-dire une action collective de rébellion au sein d’un groupe, d’un équipage réglé par la discipline : celui des rames de métro et de RER !
Nous sommes tous des passagers-ères souterrain-nes, allant sans cesse d’un point à un autre dans un espace quadrillé de flics, de militaires, de contrôleurs, d’agents de sécurité armés et sous-qualifiés. Dans le métro, nous sommes en permanence épié-e-s, observé-e-s, filmé-e-s par un ahurissant dispositif de vidéo-surveillance au coût financier pharaonique, à l’impact écologique considérable, et à l’efficacité plus qu’incertaine. Dans le métro, nous sommes sans cesse soumis-e-s à la discipline, enjoint-e-s de respecter une batterie de règles et de consignes, des plus légitimes appels à la prudence (ne pas traverser la voie) aux plus indécentes incitations à l’égoïsme (ne pas donner d’argent aux musiciens qui jouent dans les rames). Dans le métro, notre regard est colonisé par une rafale de messages publicitaires véhiculant une idéologie consumériste, matérialiste, sexiste, dont le seul objectif est de cultiver l’illusion mercantile du bonheur afin d’anesthésier toute possibilité de révolte collective. Le métro n’est pas un lieu public, au sens d’ espace commun, où tous et toutes s’expriment et se meuvent librement. Le métro c’est des montagnes de puces RFID, une batterie de détecteurs en tout genre ; des caméras qui, sur les lignes les plus modernes comme la 14, balayent 98% de l’espace . Le métro c ‘est la présence massive et permanente de l’armée, de la police, et du GPSR…
Le métro est un espace d’expérimentation dans lequel l’Etat et les multinationales de la sécurité élaborent, déploient et perfectionnent des techniques de surveillance et de contrôle qui ont vocation à s’étendre à moyen terme à la globalité de l’espace public. Le métro est une métonymie de l’espace public tout entier. Un exemple : le « plan 1 000 caméras pour Paris » qui prévoit l’installation massive des caméras aux abords des gares et dans les points dits « sensibles » de l’espace urbain. C’est une illustration magistrale de l’application progressive des techniques de quadrillage carcéral des métros et des aéroports à l’ensemble de la société. C’est pourquoi notre lutte commence par le métro mais ne s’arrête pas à ses portes et a pour vocation d’investir la globalité de l’espace public sous sa forme physique (les rues, les murs, les couloirs, les gares, les panneaux publicitaires, les aéroports, les façades des banques…) et symbolique (l’édition, Internet, la presse..). Le Groupe des Lapins Publivores a pour objectif de peindre et d’écrire sur les barreaux de cette gigantesque cage qu’est l’espace urbain sous surveillance, fragmenté en plusieurs entre-soi de classe, jalonné de frontières invisibles et infranchissables, soumis sans cesse au contrôle tatillon de l’Etat, et saturé de propagande pour la marchandise.
Nous sommes les Lapins publivores, non parce que nous nous joignons à la masse de spectateurs-rices bercé-e-s une nuit entière par une succession ininterrompue de pubs, lors de la mal nommée « nuit des publivores » ; mais parce que nous ingurgitons, chaque jour et contre notre gré, des tonnes de pubs dans le métro, dans nos boîtes aux lettres, sur notre ordinateur, dans la presse, dans les films, à la télé. Nous les digérons, les détournons, les subvertissons, avec nos moyens dérisoires d’individus isolés. Puis avec nos mots et nos images nous grignotons en retour l’espace public, en le couvrant de dessins, de pochoirs, d’affiches, de slogans, de journaux muraux, et autres fantaisies révolutionnaires.
Nos revendications sont aussi ambitieuses que nos moyens sont dérisoires :
- Pour la liberté totale de circulation des individus et des groupes :
Nous sommes radicalement opposé-e-s à cette absurdité imposée par les structures politiques (les Etats) et économiques (le capitalisme globalisé) qui aboutit à ce que les marchandises circulent sans entrave tandis que les personnes se voient contraint-e-s dans leurs déplacements. Nous sommes pour une défense radicale de la liberté de circulation sous toutes ses formes. Une liberté qui va des transports en communs gratuits à l’abolition des frontières. Et quel meilleur endroit pour défendre cette liberté totale de circulation que dans les couloirs de la RATP dont l’arsenal sécuritaire collabore à une politique collective de contrôles massifs qui aboutit à l’arrestation et à l’expulsion de nombreux sans-papiers ?
- Contre la chasse aux pauvres dans l'espace public :
La lutte des classes n’est pas circonscrite aux seuls lieux de production. Elle structure également l’espace urbain, et se cristallise ainsi dans l’espace public en général et le métro en particulier. C’est pourquoi l’espace public doit aussi être le théâtre d’une lutte au même titre que l’usine, le bureau ou l’université. S’il faut être observateur-rice pour débusquer les milles et unes perniciosité de l’aménagement urbain pour accroître l’inconfort des indigents, il faut être aveugle pour ne pas voir ces vendeurs à la sauvette, ces sans abris, ces individus réduits à la mendicité, ces silhouettes anonymes qui ont fait du métro leur lieu de travail clandestin ou leur lieu d’habitation. Nous, passagers-ères du métro, sommes passé-e-s maîtres-ses dans l’art de détourner le regard pour feindre d’ignorer la répression qui s’abat implacablement sur celles et ceux que la RATP qualifie, dans son langage choisi, « d’indésirables ». Le GLP par une série d’interventions esthétiques et politiques a pour ambition d’exprimer sa solidarité avec les individus et les groupes pour qui l’espace public n’est plus un terrain de jeu, mais le théâtre d’une bataille quotidienne pour la survie.
- Pour un espace public autogéré :
Le GLP se définit comme un groupuscule socialiste anti-autoritaire d’expression farfelue ; comme un commando de peinturlurheureux-ses et de scribouillard-es communistes libertaires ! A ce titre, nous n’agissons pas pour faire l’aumône à l’Etat afin qu’il concède des espaces d’expression libre dans le métro, qu’il vote des lois pour limiter les espaces publicitaires, qu’il légalise la vente à la sauvette, qu’il mette fin aux contrôles au faciès, qu’il instaure la gratuité des transports, qu’il remplace les vigiles et les militaires dans les gares par des travailleurs sociaux et des équipes de prévention spécialisée, ou encore qu’il cesse de traquer les sans abri.
Nous prônons l’autogestion. L’autogestion consiste en l’instauration d’un mode de délibération et d’organisation collective dans lequel le pouvoir et les moyens de production ne sont plus aux mains ni de l’Etat, ni des puissances de l’argent, mais dans celles des individus et des groupes, des producteurs-rices et des consommateurs-rices, organisé-e-s en coopératives, mutuelles, communes, fédérations, ou toute autre forme de libre association qu’illes jugeront bon d’élaborer. Nous pensons que cette forme de libertaire de socialisation des moyens de production implique une socialisation des moyens de communication déployés dans l’espace public : presse, affichage, etc.
Nous souscrivons à cette affirmation de Gandhi : « la fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la graine ». C’est pourquoi dans notre lutte pour la réappropriation de l’espace public, nous optons pour la stratégie de l’action directe non-violente par des attentats artistiques ciblés contre les parcelles de l’espace public détenues par l’Etat et les entreprises privées. Elle constitue, selon nous, un moyen de lutte cohérent pour aboutir à une collectivisation, ou plus précisément à une socialisation de l’espace public, c’est-à-dire à sa gestion et à son organisation par tous et toutes. Comme la fraude est un moyen de lutter pour la gratuité des transports publics, le vol de lutter contre la propriété privée, l’occupation de lutter pour la réquisition des logements vides….
Nos revendications sont aussi ambitieuses que nos moyens sont dérisoires :
- Pour la liberté totale de circulation des individus et des groupes :
Nous sommes radicalement opposé-e-s à cette absurdité imposée par les structures politiques (les Etats) et économiques (le capitalisme globalisé) qui aboutit à ce que les marchandises circulent sans entrave tandis que les personnes se voient contraint-e-s dans leurs déplacements. Nous sommes pour une défense radicale de la liberté de circulation sous toutes ses formes. Une liberté qui va des transports en communs gratuits à l’abolition des frontières. Et quel meilleur endroit pour défendre cette liberté totale de circulation que dans les couloirs de la RATP dont l’arsenal sécuritaire collabore à une politique collective de contrôles massifs qui aboutit à l’arrestation et à l’expulsion de nombreux sans-papiers ?
- Contre la chasse aux pauvres dans l'espace public :
La lutte des classes n’est pas circonscrite aux seuls lieux de production. Elle structure également l’espace urbain, et se cristallise ainsi dans l’espace public en général et le métro en particulier. C’est pourquoi l’espace public doit aussi être le théâtre d’une lutte au même titre que l’usine, le bureau ou l’université. S’il faut être observateur-rice pour débusquer les milles et unes perniciosité de l’aménagement urbain pour accroître l’inconfort des indigents, il faut être aveugle pour ne pas voir ces vendeurs à la sauvette, ces sans abris, ces individus réduits à la mendicité, ces silhouettes anonymes qui ont fait du métro leur lieu de travail clandestin ou leur lieu d’habitation. Nous, passagers-ères du métro, sommes passé-e-s maîtres-ses dans l’art de détourner le regard pour feindre d’ignorer la répression qui s’abat implacablement sur celles et ceux que la RATP qualifie, dans son langage choisi, « d’indésirables ». Le GLP par une série d’interventions esthétiques et politiques a pour ambition d’exprimer sa solidarité avec les individus et les groupes pour qui l’espace public n’est plus un terrain de jeu, mais le théâtre d’une bataille quotidienne pour la survie.
- Pour un espace public autogéré :
Le GLP se définit comme un groupuscule socialiste anti-autoritaire d’expression farfelue ; comme un commando de peinturlurheureux-ses et de scribouillard-es communistes libertaires ! A ce titre, nous n’agissons pas pour faire l’aumône à l’Etat afin qu’il concède des espaces d’expression libre dans le métro, qu’il vote des lois pour limiter les espaces publicitaires, qu’il légalise la vente à la sauvette, qu’il mette fin aux contrôles au faciès, qu’il instaure la gratuité des transports, qu’il remplace les vigiles et les militaires dans les gares par des travailleurs sociaux et des équipes de prévention spécialisée, ou encore qu’il cesse de traquer les sans abri.
Nous prônons l’autogestion. L’autogestion consiste en l’instauration d’un mode de délibération et d’organisation collective dans lequel le pouvoir et les moyens de production ne sont plus aux mains ni de l’Etat, ni des puissances de l’argent, mais dans celles des individus et des groupes, des producteurs-rices et des consommateurs-rices, organisé-e-s en coopératives, mutuelles, communes, fédérations, ou toute autre forme de libre association qu’illes jugeront bon d’élaborer. Nous pensons que cette forme de libertaire de socialisation des moyens de production implique une socialisation des moyens de communication déployés dans l’espace public : presse, affichage, etc.
Nous souscrivons à cette affirmation de Gandhi : « la fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la graine ». C’est pourquoi dans notre lutte pour la réappropriation de l’espace public, nous optons pour la stratégie de l’action directe non-violente par des attentats artistiques ciblés contre les parcelles de l’espace public détenues par l’Etat et les entreprises privées. Elle constitue, selon nous, un moyen de lutte cohérent pour aboutir à une collectivisation, ou plus précisément à une socialisation de l’espace public, c’est-à-dire à sa gestion et à son organisation par tous et toutes. Comme la fraude est un moyen de lutter pour la gratuité des transports publics, le vol de lutter contre la propriété privée, l’occupation de lutter pour la réquisition des logements vides….
Prenons-nous même et tout de suite ces libertés que l’on nous refuse, et commençons par prendre le droit de nous exprimer partout et comme bon nous semble pour ne pas laisser le monopole de l’espace public à l’Etat et au Capital !
Texte : Anarchiste anonyme
Images : Henry Lafourche